Focus sur la Narcisse des poètes (Narcissus poeticus)

Cousine de la Jonquille, Narcissus Poeticus appelée aussi Narcisse des Poètes ou Jeannette, est actuellement en pleine floraison.

Qui est-elle ?

Avant de rentrer dans le vif du sujet, laissez-nous vous présenter une des résidentes du Conservatoire :

Perchée sur une tige sans feuille, pouvant aller de 30 à 60 cm, cette plante de la famille des Amaryllidaceae (4) à la tête baissée, est dotée de pétales blancs et d’une couronne (appelée paracorolle) jaune pâle, bordée de rouge. (1)

Elle se retrouve en abondance en altitude (principalement de 800 à 1 300 mètres). Elle parfume notamment la région du massif central, du Jura, des Alpes, des Pyrénées (2)…
Sa préférence pour les hauteurs de ne l’empêche pas de pousser dans les prairies, aux abords des habitations ou dans les parcs (1). Le sol doit être léger, acide et légèrement humide, plat ou légèrement en pente (2).

Elle fleurit de mai à juin. Mais c’est début juin qu’on va la récolter pour son parfum…

 

Comme un parfum printanier

En juin les « faucheurs » de fleurs en Lozère les récupèrent pour les parfums de Grasse (3).  Si la cueillette à la main a été pratiquée lors des premières récoltes (1945 – 1955), elle a très vite été remplacée par des dispositifs de plus en plus élaborés afin de diminuer sa pénibilité et augmenter sa productivité. (7)

Le premier outil de cueillette se présente sous la forme d’un râteau ou peigne de 30 cm de large disposé horizontalement au bout d’un manche. Le cueilleur balance le râteau devant lui pour « faucher » les têtes des fleurs, juste en dessous de l’ovaire. Néanmoins d’après Raphaël Larrère et Martin de La sourdière, on raconte que « certaines femmes allaient aussi vite à la main qu’avec l’outil et que leur récolte était plus propre » (3). Aujourd’hui des « cueilleuses de poètes » automotrices ont été développées (7).

Le parfum des narcisses est situé dans les fleurs. Dès lors, au moment de la récolte, qui a lieu début mai jusqu’à début juin, seulement la tête des fleurs est cueillie, laissant les feuilles et les autres espèces végétales voisines.

D’après Christophe Sireyjol : « Les fleurs sont rapidement concentrées en concrète par extraction avec un solvant volatil. Cette concrète est ensuite transformée en absolue à Grasse par dissolution dans l’alcool, filtration à 0°C et concentration sous vide. De 1 500 à 2 000 kg de fleurs sont nécessaires pour obtenir un kg d’absolue qui se retrouvera sur l’orgue du parfumeur pour composer des parfums. »

 

Un nom aux histoires tragiques

Le mot « narcisse » signifie dans nos dictionnaires « Personne qui s’admire elle-même, qui est infatuée, éprise de son apparence physique » ou encore « homme amoureux de sa propre image ».

Le nom de la plante viendrait du grec narké qui signifie engourdissement. Les fleurs de narcisses, « même les moins odorantes, produisent un assouplissement, et presque une sensation douloureuse ». (10)

Dans la mythologie grecque, différentes histoires autour des narcisses sont connues, Elles sont toutes plus ou moins similaires, à vous de choisir celle qui vous plaît le plus !

  • « Narcisse fils d’une nymphe et du fleuve Céphise était si beau que tous ceux qui le voyaient en tombaient amoureux. Le divin Tirésias avait dit à sa mère « Narcisse vivra très vieux à condition qu’il ne se regarde jamais ».

    Malheureusement, Narcisse était indifférent à tous ceux qui l’entouraient, semant le malheur autour de lui (dont la nymphe Echo si malheureuse d’être repoussée par lui que « seule sa voix subsista »). Un jour, fatigué, Narcisse se reposa près d’une source, se pencha pour boire… et tomba éperdument amoureux de son image. Désespéré par cette situation inextricable il se plongea un poignard dans le cœur. De son sang qui s’écoulait naquit un narcisse blanc au cœur rouge.

    D’autres légendes précisent que Narcisse, voulant atteindre son image, se pencha et se noya. Il naquit sur la rive des narcisses d’un jaune d’or comme ceux que nous connaissons aussi. »

    (5)
  • « Un berger grec, fils d’une nymphe et d’un fleuve, amoureux de sa propre beauté, se penche un jour dans l’eau pour s’y mirer y tombe et meurt. On brûle son corps, mais il disparait et à sa place une fleur nait, qui « comme Narcisse, se penche vers l’eau des ruisseaux » » (11)

Quelle que soit son histoire, cette Narcissus poeticus nous embaumera avec son parfum, nous montrera sa beauté ce printemps dans les régions montagneuses mais pas que : elle vous attend également au Conservatoire accompagnées de ses sœurs et ses cousines.

Sources