Portrait d’un administrateur : Thierry Aleberteau

Passionné par le végétal, Thierry Aleberteau, administrateur du CNPMAI aborde sa passion avec une approche sensible et philosophique. Convaincu qu’il existe un lien indissociable entre l’Homme et la nature, il nous livre à travers cette interview une vision engagée et optimiste.

 

Qu’est-ce qui vous a amené à vous intéresser aux plantes ?

Mon intérêt pour les plantes m’est venu très tôt et très naturellement. J’ai grandi parmi les paysages tranquilles et ressourçants de Haute Savoie. C’est au cours de mes nombreuses randonnées que ma sensibilité pour le monde végétal s’est développée. Je me sentais en équilibre, en harmonie avec la nature et je porte aujourd’hui la conviction que le monde végétal, dans son ensemble, est essentiel à l’équilibre de l’Homme.

J’ai donc su très tôt que je voulais travailler avec les éléments naturels, avec le vivant.

 

Quel a été votre parcours professionnel ?

J’ai obtenu un BAC général dans une option scientifique, puis je me suis orienté vers un BTSA Horticole option pépinières et espaces verts. Cette formation ne s’articulait pas vraiment autour du lien avec la nature et le végétal sauvage, alors pour compenser en quelques sortes, j’ai orienté mes recherches d’emplois vers des postes plus en lien avec le milieu naturel.

C’est ainsi que j’ai débuté ma carrière au Parc national des Ecrins comme technicien horticole sur un projet de Conservatoire Botanique Alpin. J’étais entouré de collègues naturalistes et étais baigné par les problématiques environnementales. C’est cette première expérience qui m’a plus que jamais décidé à orienter mon parcours dans le domaine de la Conservation des espèces végétales. J’avais trouvé l’adéquation qui me permettait d’associer mon diplôme technique et mes convictions profondes.

Par la suite le Conservatoire Botanique Alpin de Gap-Charance a pris son indépendance par rapport au Parc des Ecrins et s’est fortement développé. J’avais la responsabilité d’une collection de rosiers anciens d’avant 1914 et d’un verger conservatoire en lien avec l’INRA. C’est sur ces collections que j’ai fait mes premières armes sur l’approche scientifique qui devait être menée sur des collections botaniques et conservatoires. Cette double dimension technique et scientifique m’a tout de suite passionné. Et dès lors, je n’ai plus voulu quitter ce milieu.

Après 5 ans passés dans les Hautes-Alpes, une autre expérience tout aussi passionnante m’a emmené en région parisienne à l’Arboretum de Chèvreloup, près de Versailles, un magnifique espace de 270 ha rassemblant des espèces d’arbres du monde entier qui dépend du Muséum National d’Histoire Naturelle de Paris. J’étais un peu dans le saint des saints des collections botaniques, la référence nationale ! J’avais en charge, avec un autre jardinier, la gestion de la pépinière et des jeunes plantations sur le domaine. Pendant 2 ans, l’Arboretum et ses équipes m’ont permis d’accumuler expériences et connaissances sur la conservation végétale et les collections botaniques.

J’ai ensuite souhaité tenter l’expérience de la vulgarisation et de la pédagogie et j’ai commencé cette nouvelle orientation professionnelle à la Maison de la Nature de Rueil-Malmaison en tant qu’animateur-jardinier. C’était un projet formidable car il y avait tout à créer, supports pédagogiques et Jardins. En effet, ma mission était de créer des jardins dans les écoles comme support de sensibilisation à la nature et ensuite de m’en servir comme outil, support d’animations que je réalisais et menais. J’ai adoré le contact avec les enfants, d’une richesse incroyable ! Et cette formidable expérience me nourrit encore aujourd’hui, notamment dans mes approches d’aménagements, de mise en scène de collections portés vers la vulgarisation.

Malgré la richesse de cette expérience, le monde des collections botaniques me manquait trop et j’ai donc décider de revenir vers ce qui je crois reste ma vocation. Et c’est ainsi que le voyage m’a emmené en Bretagne, à La Gacilly, au Jardin Botanique Yves Rocher.

 

En quoi consiste votre travail de responsable du pôle botanique au Jardin Botanique Yves Rocher ?

Pour simplifier, on pourrait dire que je gère le jardin botanique. Mais cela induit une réalité qui est somme toute assez complexe !  J’initie les programmes liés à la conservation et la gestion des collections végétales, que ce soit au niveau scientifique, technique ou paysager. Et fait le lien avec les autres pôles de l’Herbier (Médiation, Biodiversité, Production, Innovation Végétale) et veille à la cohérence de nos actions avec les démarches globales environnementales de l’Entreprise et ses attentes.

Nous sommes une petite équipe de 3 personnes ; deux jardinières botanistes respectivement responsable de la multiplication et de la graineterie et responsable du référencement et de la traçabilité qui m’accompagnent dans la gestion quotidienne du Jardin. Cette équipe s’étoffe en saison par un jardinier-botaniste, par un chargé de projet scientifique qui travaille plus particulièrement sur les collections spécifiques et inertes, par une éco-jardinière et une apprentie jardinier-botaniste.

Outre les collections botaniques, notre équipe assure, en lien avec la LPO, la gestion biodiversité ou écologique du site industriel où se trouve le Jardin Botanique. Pour cette mission, nous sommes assistés par une apprentie BTS Gestion et Protection de la Nature, qui gère ainsi la cohérence entre espèces spontanées et collections.

 

Comment concevez-vous votre rôle d’administrateur du CNPMAI ?

C’est mon prédécesseur Mr Joël Klutsch qui m’a proposé en 2017 de le remplacer en tant qu’administrateur au sein du collège « Protection de l’environnement – volet culturel et touristique ».

Au départ, j’étais assez réticent car je ne me sentais pas très légitime et ne voyais pas trop ce que j’allais pouvoir apporter à l’association. Il a cependant su me convaincre et aujourd’hui je l’en remercie.

Mon implication au sein du CA m’ouvre de belles perspectives grâce aux échanges entre les différents administrateurs et les membres de l’équipe du CNPMAI. C’est avec un plaisir renouvelé que je participe chaque année à nos rencontres. Nos problématiques sont souvent communes et les réflexions que nous menons sont source de progression et entrent en résonnance avec le travail que j’effectue en tant que responsable du pôle botanique. J’apprécie et je remercie le CNPMAI pour la confiance qui m’est accordée. Les administrateurs sont impliqués dans les réflexions de l’association et cela est très valorisant.

 

Avez-vous une plante qui revêt une importance particulière pour vous ?

Cette question m’est souvent posée et j’avoue ne pas avoir de réponse.

Si je devais définir une plante totem, je dirais qu’il s’agit de celle que je ne connais pas encore.

C’est la quête de l’inconnu qui me séduit. Toutes les histoires qui vont entourer la plante et qui nous emmènent parfois très loin dans ce voyage de découverte. C’est pour moi chaque fois extraordinaire ! Il me semble aussi qu’en découvrant une plante qui nous est inconnue, on découvre aussi quelque chose de soi. Cela rejoint ma conviction que le monde végétal nous est essentiel. Et comme le monde végétal est source de découverte inépuisable, je ne suis pas près de me lasser…