Portrait d’une administratrice : Aline Aurias

Aline Aurias et sa camomille, photographe © B. Caharel

A Gometz-le-Châtel, juste à côté de là où elle a grandi, Aline Aurias, journaliste scientifique à temps partiel, est également productrice de plantes aromatiques et à tisanes depuis le printemps 2019. Très concernée par la filière PPAM française, il lui tient à cœur de faire revivre le réseau francilien et c’est pourquoi elle n’a pas hésité à y dédier sa vie. Cependant, on ne se douterait pas du chemin qu’elle a traversé pour arriver aujourd’hui à ce magnifique projet.

Après un master de biologie à Orsay, Aline continue sa formation à l’école de journalisme de Lille pour ensuite devenir journaliste scientifique. Sensibilisée aux questions environnementales et agricoles par le biais de ce métier, son mode de consommation alimentaire change : plus de bio, de saison, moins de viande, plus local. Et puis, au bout de 4 ans, encouragée par une ambiance professionnelle intenable, elle décide de tout quitter pour partir en Australie puis en Nouvelle-Zélande travailler en wwoofing (volontariat en ferme en agriculture biologique). Il s’agit pour elle d’aller encore plus loin : elle part avec la ferme intention de modifier son mode de vie et d’apprendre tous les rouages de l’autosuffisance. Mais le voyage change les perspectives. A son retour, son objectif a évolué. Si changement il doit y avoir, il faut qu’il soit global. Elle commence donc à se former, à travers le volontariat dans l’exploitation d’amis maraîchers qui lui ont donné le goût de l’agriculture, des stages et formations courtes. Puis elle fait un BPREA option plantes sèches. Grâce à l’accompagnement et au soutien sans failles du pôle Abiosol[1] et particulièrement de la coopérative agricole Les Champs des Possibles[2], Aline trouve le terrain idéal en juin 2018 : plus d’1ha cultivable, un bois, une mare, du caractère et certifiable en bio immédiatement.

L'Enracinée, parcelle d'Aline ©Aline Aurias

C’est dans sa ferme, l’Enracinée, et plus particulièrement dans son séchoir où elle passe la majorité de son temps, qu’elle nous accueille pour nous parler d’elle et de son histoire aux côtés du CNPMAI.

Quand as-tu rencontré pour la première fois le CNPMAI et toute son équipe ?

Après une première visite technique grâce à une formation d’Abiosol, j’ai remis les pieds au CNPMAI pour la première fois en tant que saisonnière après ma formation de BPREA. C’était l’occasion pour moi de me former à la production de semences et de plants, domaine que je ne connaissais pas encore. En revanche, je savais déjà que je souhaitais participer à la reconstruction de la filière PAM en Ile-de-France, c’était donc aussi l’occasion de rencontrer mon futur réseau. Durant cette saison, je me suis noué d’amitié avec l’équipe qui, à l’époque, venait de changer en profondeur avec l’arrivée d’Agnès, Sophie et Anaïs. Voir à l’œuvre la transition qu’a vécue le Conservatoire à l’époque a été passionnant. Je retiens de cette expérience la sensation d’une équipe hyper compétente et très rigoureuse. C’est à leurs côtés que j’ai appris ce que je mets toujours en pratique aujourd’hui dans ma ferme : tendre vers la complète maîtrise de ce que l’on produit, optimiser son plan de travail, ses gestes, et ce pour chaque étape de production : semis, repiquage, bouturage, semences, etc.

Comment es-tu devenue administratrice du CNPMAI ?

Lors de mon pot de départ, l’équipe du CNPMAI m’a demandé de réfléchir à l’idée de représenter les jeunes producteurs au conseil d’administration (CA). Touchée par la proposition, je me suis beaucoup questionné sur ma légitimité à faire partie du CA. N’étant pas encore tout à fait installée, j’ai finalement accepté d’être administratrice, mais la première année à titre individuel. C’est la seconde année que j’y suis intervenue en tant que productrice, toujours portée par ma volonté d’implication dans la filière. Après 2 ans de participation à la réflexion de refonte du CNPMAI, j’ai vraiment encore aujourd’hui à cœur d’apporter, avec Thomas Palfroy, Frédéric Michenet et Alexis Brunel notre vision de jeunes product.rice.eur.s et cueilleurs. Il y a en effet enjeu à porter cette voix afin de permettre aux autres acteurs de mieux nous connaître, et d’accompagner le renouveau de la filière.Culture de souci ©Aline Aurias

Quel est le rôle d’une administratrice selon toi ?

Ayant travaillé comme saisonnière au moment du changement d’équipe, j’ai une vision très opérationnelle du Conservatoire. Dans mes missions d’administratrice, nous avons convenu que je passe chaque année quelques jours avec l‘équipe de production pour sentir quelle est l’ambiance, observer les évolutions… Mes affinités particulières avec toute l’équipe me permettent de faire remonter de potentielles améliorations et d’en discuter de manière constructive. Et je dois dire que je suis vraiment admirative de la manière dont chaque membre de l’équipe technique a su trouver sa place et faire évoluer le Conservatoire et leurs pratiques vers une grande efficacité et rationalité, tout en gardant la maitrise qui fait leur renommée.

Et pour la suite ?

Je sais que les membres du bureau souhaitent qu’une transition se réalise et nous font totalement confiance pour prendre la relève. Mais nous, les « jeunes », avons encore besoin de temps. Ce n’est bien entendu pas l’envie qui manque, que cela soit du point de vue de mes convictions à relancer la filière PPAM et son développement en Ile-de-France, ou pour mon attachement affectif au CNPMAI, mais je veux garder les pieds sur terre. Il me faut d’abord et avant tout me concentrer sur mon activité, lancer correctement une production stable dans le temps pour l’Enracinée. Après, à terme, nous verrons bien, pourquoi pas prendre des responsabilités dans le bureau du CNPMAI, oui.

Cueillette de Verveine - ©Aline AuriasPour finir, et aussi pour nous faire connaître un peu ta production, quelle est (ou quelles sont) tes plantes préférées au sein de ta plantation ?

Sans hésitation, la verveine (Aloysia citrodora), que j’adore. Elle a tous les atouts : elle sèche bien, sent bon, ses feuilles sont magnifiques … En revanche, pour ses fleurs et sa beauté sur la parcelle, c’est sans hésiter la camomille (Chamaemelum nobile (L.) All.). J’aime ses microscopique boutures qui se transforment en un tapis de fleurs magnifique et la manière dont elle se réhydrate, vous devriez voir, c’est superbe. Par contre, pour son goût, ça serait l’agastache anisée (Agastache funicululum) que je choisirai. Elle a un goût anisé délicieux et a su conquérir ma clientèle. Mais ma tisane préférée reste la « réglisse » /menthe, où le goût réglissé est donné par la stevia. Un délice.

 

[1] http://devenirpaysan-idf.org/

[2] https://www.leschampsdespossibles.fr/