Extrait de la présentation du Séminaire sur la page web : https://colviv.hypotheses.org/ :
Ce séminaire porte sur les collections vivantes comprises comme des ensembles inventoriés de spécimens « en vie », conservés au sein de musées, de muséums ou d’instituts scientifiques, telles que les collections botaniques, zoologiques ou microbiologiques.
La collection répond à un principe d’accumulation selon des critères de sélection, de classement et de valorisation. Au-delà de l’agrément, elle vise la production de connaissances et la conservation d’un patrimoine – et leur diffusion. Les « collections vivantes » semblent ainsi, de prime abord, traversées de tensions : leur visée patrimoniale prétend arrêter le temps quand la vie implique la cyclicité ; leur caractère scientifique – et les modèles abstraits inhérents – se heurtent à l’incertitude et à la singularité du vivant ; leur gestion implique de manipuler comme des objets matériels des formes de vie, et parfois des êtres sensibles. Le séminaire est ainsi l’occasion de questionner la notion de collection, dont les apories semblent soulignées par son ambition de s’appliquer à toute chose et jusqu’aux êtres vivants. Il s’attache simultanément à travailler la notion de vivant, qui peut être définie par sa capacité au mouvement, sa dimension relationnelle, sa faculté de reproduction ou sa prédisposition à la mort ou à la transcender, mais se trouve ici interrogée par sa difficulté à être saisie ainsi qu’à la pluralité de ses conceptions : au fil du temps et des paradigmes scientifiques, mais également en fonction des contextes culturels, quand des « choses » considérées comme des objets de collection inertes et inaliénables dans des musées occidentaux sont vues par d’autres comme « animées » voire « habitées » et liées à des territoires.
A travers une approche anthropologique, sociologique, historique ou philosophique, le séminaire poursuivra en 2020-2021 son exploration des questions soulevées lors de la première année : Comment ont été et sont constituées et définies les collections vivantes ? Par qui et pour qui ? Comment s’articulent-elles à des paradigmes scientifiques ? Quelles valeurs les sous-tendent ? Nous proposons de nous ouvrir à de nouvelles questions, telles que la pluralité des conceptions du vivant, en particulier en dehors du paradigme naturaliste, ou la problématique des collections humaines. Nous explorerons différents aspects de la mise en collection du vivant sous toutes ses formes, qu’il s’agisse du traitement des « êtres sensibles » ou des conditions de conservation des restes humains. Notre point de vue sera aussi bien celui des enjeux éthiques ou politiques que des émotions ou attachements suscités, par la gestion et le soin de ces « objets animés », jusqu’aux relations interspécifiques qu’elles impliquent parfois. Nous verrons aussi comment s’opèrent les circulations d’une collection à l’autre, les passages du vivant à l’inerte (naturalisations, collections ostéologiques…) ou inversement de l’inerte au vivant, les matières organiques ne cessant de se métamorphoser, voire se réactiver (des biobanques aux frozen zoos).
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