Le thème de l’origine génétique locale ou non du végétal est en émergence depuis quelques années en France.
En effet, en l’absence de filières de production dédiée à des végétaux d’origine locale, les végétaux disponibles sur le marché pour les travaux de revégétalisation (ronds-points, bords de route, constructions, barrages hydroélectriques…) viennent du monde entier, sont souvent sélectionnés pour l’horticulture d’ornement, et ne sont pas adaptés aux écosystèmes locaux de leur lieu d’implantation, ce qui est problématique, car ils vont pourtant interagir avec la faune et la flore locale. Vous connaissez sans doute les « mélanges pour prairies fleuries » ou les sachets de « semences mellifères » à semer pour rendre service aux pollinisateurs ? Malheureusement, lorsqu’elles ne sont pas d’origine locale, ces semences ne remplissent pas forcément le rôle souhaité pour la biodiversité. Pour reprendre un exemple du « Plan National d’Actions pour les Plantes messicoles 2012-2017 » (disponible en téléchargement ici), les bleuets présents dans ces mélanges de semences pour prairies fleuries, en l’absence de filière de végétal d’origine locale, sont horticoles. A ce titre, ils sont sélectionnés pour leur esthétique, et donc pour leurs pièces pétalifères, au détriment de leurs pièces nectarifères. Ainsi, ils sont particulièrement attractifs pour les insectes pollinisateurs, car leurs pétales sont plus voyants, mais moins nourrissants que les bleuets sauvages. Ce qui en fait une sorte de « piège à insectes », avec de surcroit une possibilité d’hybridation avec les populations sauvages locales de bleuets, provoquant une pollution génétique dont l’ampleur est difficile à appréhender.
C’est dans ce contexte que la Fédération des Conservatoires Botaniques Nationaux (FCBN), l’Afac-Agroforesteries et Plantes & Cités ont initié en 2015 la création de la marque « Végétal local », aujourd’hui propriété de l’Office Français de la Biodiversité. Le CBN Pyrénées Midi-Pyrénées, l’Afac-Agroforesteries et Plantes & Cités en assurent l’animation à l’échelle nationale.
Pour en savoir plus sur le végétal local et son impact sur la biodiversité, et mieux connaître la marque, voici une courte vidéo. Vous pouvez également visiter le site dédié : https://www.vegetal-local.fr/ .
La production de végétaux dans le respect du cahier des charges de la marque bouscule les fondamentaux de la domestication des plantes : il faut aller prélever la plante en milieu sauvage[1], ne surtout pas la sélectionner, et retourner récolter semences ou boutures en milieu sauvage à partir d’un certain nombre de générations. Cela exige de repenser tout un système de production, de créer un nouveau corps de métier (récolteur de semences ou boutures sauvages), et de mettre en place de nouvelles filières, dans la limite des aires biogéographiques définies par la marque. Un accompagnement technique et structurel est donc indispensable au développement de telles filières.
C’est pourquoi l’Astredhor et le CNPMAI, dans le cadre d’un financement de la région Ile-de-France et de la DRIEE, ont proposé de travailler sur le développement de cette filière en Ile-de-France, en s’intéressant d’une part aux aspects techniques et productifs, et d’autre part aux aspects organisationnels et de structuration de la filière.
Le 28 novembre 2019, une matinée d’échanges a eu lieu à l’Institut Paris Région, sur le thème « Semer et planter local en Ile-de-France ». Cette réunion était organisée par le Conservatoire Botanique National du Bassin Parisien, l’Agence Régionale pour la Biodiversité Ile-de-France, le CNPMAI, Astredhor Seine-Manche et la DRIEE. Vous trouverez en cliquant ici un retour sur cette matinée, ainsi qu’un résumé des présentations. Le comité de filière « horticulture-pépinières », organisé dans le cadre du « Pass filière » de la région Ile-de-France s’est réuni le 4 février 2020 sur le thème du végétal local en Ile-de-France. Ces deux réunions ont rencontré un certain succès et montrent l’intérêt des acteurs franciliens pour le sujet.
Dans ce contexte, le CNPMAI a pour mission de réaliser une étude de faisabilité technico-économique pour le développement d’une filière labellisée “Végétal Local®” en Ile-de-France. Pour ce faire, nous souhaiterions mettre en place un groupe de travail, qui se réunirait 3 fois avant décembre 2020, et serait constitué de personnes représentatives de l’amont et de l’aval de la filière Végétal local francilienne (horticulteurs, pépiniéristes, bureaux d’études, gestionnaires d’espace). Ce groupe de travail permettra la création de liens, la concertation et la levée des blocages organisationnels au développement d’une telle filière. L’étude de faisabilité sera disponible sous forme de rapport reprenant les éléments technico-économiques étudiés, les réflexions émergentes des groupes de travail et les préconisations quant au développement de la filière en Ile-de-France.
Vous êtes intéressé(e) par le sujet du végétal local en Ile-de-France ? Vous souhaiteriez éventuellement participer à ce groupe de travail, ou simplement en savoir plus ? Vous trouverez ci-après un questionnaire d’environ 10 minutes, adressé aux actuels ou potentiels futurs producteurs comme utilisateurs du Végétal Local® et qui nous permettra d’enrichir cette étude et de nourrir la réflexion du groupe de travail : https://forms.gle/gLb4fuzSgDJPBHYk7
[1] C’est-à-dire dans une zone où la population est stable génétiquement (absence d’hybridation), se multiplie par reproduction naturelle, et possède un nombre suffisant d’individus pour permettre une récolte de semences sans menacer la pérennité de cette population.