Depuis quelques années, avec le soutien financier de la DRIEE Ile-de-France, le CNPMAI mène une action en faveur d’une meilleure connaissance des plantes messicoles franciliennes menacées.
Les plantes messicoles sont les adventices (dites encore « mauvaises herbes ») des céréales : le coquelicot ou le bleuet par exemple pour ne citer que les plus connues.
Nombre d’entre-elles sont médicinales et ont été ou sont encore utilisées pour leurs propriétés : par exemple les deux déjà citées ci-dessus, mais aussi les Adonis goutte-de-sang (Adonis flammea), le Pied d’alouette-des-blés (Delphinium consolida), la Nielle des blés (Agrostemma githago), le Grand ammi (Ammi majus), la Bugle petit-pin (Ajuga chamaepitys)…
Depuis quelques décennies, avec l’avènement de désherbants chimiques très sélectifs et du triage de graines de plus en plus efficaces, beaucoup de ces espèces et surtout celles qui sont le plus exclusivement dépendantes des céréales (les « vraies messicoles ») disparaissent peu à peu de nos grandes cultures.
L’action du Conservatoire se subdivise en plusieurs opérations concrètes :
- recherche de nouvelles stations et collectes de semences ;
- conservation et multiplication de ces semences ;
- diffusion des connaissances acquises.
Un bilan général des travaux réalisés depuis 2008 sera présenté début 2017.
En attendant, la saison 2016 étant bien avancée, il est possible d’en tirer quelques conclusions. Celle-ci est riche de (re)découvertes (année climatiquement favorable ou pression de prospection plus importante ?).
Plusieurs dizaines de nouvelles stations, pour la vingtaine de messicoles les plus rares, ont été décrites dans le sud de l’Essonne et de la Seine-et-Marne. Certaines étaient exceptionnelles par l‘importance du nombre d’individus, leur fort développement contrariant même, parfois, la récolte de portions de parcelles : Bleuet des moissons à Melz-sur-Seine (77), Chrysanthème des moissons (Glebionis segetum) à Noisy-sur-Ecole (77), dans du colza. D’autres étaient beaucoup plus réduites mais non moins intéressantes, comme la Passerine annuelle (Thymelaea passerina) (moins de 10 individus) à Bois-Herpin (91), l’Adonis d’automne (Adonis annua) (une cinquantaine de pieds) et la Fumeterre à petites fleurs (Fumaria parviflora) (sur 2 sites, moins de 20 pieds par site) à Montigny-le-Guesdier (77).
Plus de 30 lots de semences concernant une dizaine d’espèces, ont été collectés : Caucalis à fruits larges (Caucalis platycarpos), Luzerne polymorphe (Medicago polymorpha), Mâche dentée (Valerianella dentata)…
Le CNPMAI conserve plus de 200 lots de semences de messicoles au congélateur. Pour accroitre le volume de certains d’entre eux, une trentaine a été semé à l’automne 2015 et finalement une vingtaine d’espèces a pu être mise en culture au printemps 2016 ; certaines pour la première fois au Conservatoire : les minuscules Spergulaire des moissons (Spergula segetalis) et Scléranthe annuel (Scleranthus annuus), diverses vesces (V. de Hongrie (Vicia pannonica), V. velue (Vicia villosa) …), le Chardon à petites fleurs (Carduus tenuiflorus), les miroirs de Vénus (Spéculaire hybride (Legousia hybrida) et Spéculaire miroir-de-Vénus (Legousia speculum-veneris)), le Torilis à nœuds fleuris (Torilis nodosa) … Toutes ces cultures en planche sur paillage plastique (conduites en bio) se sont très bien développées. Les récoltes sont en cours et présagent de bonnes démultiplications des lots de semences initiaux.
En matière de diffusion des connaissances, toutes les localisations de stations sont transmises aux bases « Cettia » de Natureparif et « Flora » du Conservatoire Botanique National du Bassin Parisien (CBNBP). D’autre part, il est envisagé pour 2016, la mise en place d’une parcelle de démonstration dans la partie visitable du Conservatoire où seront installées et entretenues, à la fois les messicoles les plus rares et les espèces de céréales communes (Orge et Blé d’hiver, Orge de printemps) ou moins répandues (Seigle, Triticale, Épeautre …). La première opération consistera cet été en la réalisation des semis de messicoles.
